Après les cours, j’avais décidé de faire un tour en ville, histoire de décompresser. Entre les gens qui me prenaient pour une folle, à voir des vampires partout, et les cours que je ne parvenais plus à suivre à cause de ma fatigue, causée par mon insomnie qui faisait que je ne dormais plus que deux heures par nuit, j’avais vraiment besoin d’une pause, ce pourquoi j’avais pensé que partir en ville serait une bonne idée : cela me permettrait de « changer d’air » et de profiter des conditions favorables, à savoir absence de lumière due à l’hiver, malgré l’heure peu tardive, pour pratiquer mon passe-temps préférer : les chercher.
J’étais cette fois bien décidée à en aborder un. Je voulais des preuves de leur existence, histoire de prouver aux autres « sains d’esprit », et surtout à moi-même (« Avant de convaincre les autres, convaincs-toi toi-même ») que je n’étais pas folle. Je m’étais donc assise sur un banc, mon poste d’observation préférée, et avais décrypté et analysé jusqu’aux moindres détails les passants. J’en étais au 294ème passant, au 153ème garçon et au 87ème âgé de 15 à 20 ans, quand je détaillai celui-ci rapidement. Grâce dans la démarche, teint blafard, aura étrange…
J’étais cette fois sûre de moi. Une seule chose m’intriguait cependant : ses yeux. Il avait des yeux dorés. Or les autres s’étaient contentés d’avoir des yeux rouges, pourpres. Se camouflait-il, ou était-il différent ?
Je me décidai rapidement. J’allais le suivre, voire l’aborder. Je voulais être sûre. Mais je savais que je pouvais courir un risque. Cependant, je m’en fichais. Les seules choses qui m’importaient étaient la recherche de la vérité, et peut-être bien quand même justement ce danger potentiel, qui était devenu ma seule source de « distraction », n’ayant pas d’« amis ».
Le suivre m’allait être difficile, car il marchait à un rythme soutenu, et ma condition d’humaine faisait que j’avais du mal à le suivre discrètement, car ayant sûrement des sens décuplés, il me repèrerait facilement. Enfin il tourna dans une ruelle moins peuplée. Je saisis ce moment immédiatement, oubliant toute prudence. Je m’approchai donc de lui, discrétion obsolète oubliée, puisque le silence de la ruelle faisait qu’il m’aurait entendue.
Je relâchai un instant la maîtrise de mes émotions, avant de la reprendre, de m’arrêter derrière-lui et de lancer.
« -Excusez-moi… »
*« Excusez-moi, est-ce que vous existez ? »* Cette pensée qui formulait si maladroitement mon but, pourtant si simple, faillit me faire rire, même si je me contrôlais.
« Excusez-moi… repris-je donc. Votre teint, votre démarche et votre perfection impossible m’indiquent que vous êtes certainement tout, sauf humain, à part erreur de ma part. Seuls vos yeux m’intriguent. Leur couleur… n’est pas habituelle. Êtes-vous… »
Je ne pus aller plus loin tout de suite, les images de la mort de mes parents, baignant dans leur sang pendant que des vampires aux yeux rouges vidaient cette mare de liquide rouge.
« -… Un vampire ? »
J’avais soufflé ces derniers mots, comme une morte disant ses dernières paroles, apeurée, même si de l’extérieur je semblais totalement impassible.
*M… ! Je ne me suis pas présentée… Et j’ai oublié le « bonsoir »… M… !! »* Intérieurement, j’en rougissais. Extérieurement, je paraissais comme à mon habitude totalement imperméable, de marbre, le fixant de mes yeux d’un étrange bleu-vert-gris-brun-orange, couleur jurant et frappant avec mon visage presque aussi blanc que le sien.
J’attendais. J’allais enfin savoir. Il y avait peut-être un danger, mais je n’en avais que faire. J’étais heureuse, j’allais savoir. Savoir si j’étais folle. J'avais certes été brusque, mais ce n'était pas mon but. Je me sentais étrangement perdre mon contrôle. Et je n'en avais pas l'habitude. Je me rendis compte de mon erreur, et je me raidis imperceptiblement, du moins pour un humain. J'avais gaffé, pour ne pas dire autre chose... Je ne supportais pas ces moments de faiblesse humaine, j'avais pris tant de temps à attendre ce moment que j'en avais perdu mon imperméabilité... De plus, je me sentais épiée, mais je n'y prêtais pas attention. Ma fatigue n'aidait pas à ma concentration, j'évaluai que je devais dormir dans quelques heures ou je risquais de tomber...
Dernière édition par Merybella Nilema le Jeu 7 Mai - 23:34, édité 4 fois